Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie, Viktor Frankl

Cela vous intéresse-t-il de découvrir le récit d’un survivant d’un camp de concentration?

Et si ce survivant était un psychologue, que nous dirait-il de la psychologie des prisonniers?

Présentation:



Certains titres de livres ont été remarquablement mal traduit en français. C’est le cas de celui dont on va parler aujourd’hui: « Trouver un sens à sa vie grâce à la logothérapie » de Viktor Frankl. Son titre en anglais « Man’s search for meaning » et en espagnol « el hombre en busca de sentido » me semble beaucoup plus approprié, il veut dire « L’homme à la recherche de sens ». Dans la première partie du livre, Viktor Frankl, un psychologue juif autrichien nous raconte des moments de son séjour dans le camp de concentration de Theresienstadt puis dans celui d’Auschwitz. Dans la seconde partie du livre, il nous décrit avec plus de détails la psychologie des prisonniers, et nous présente une introduction à la logothérapie.

Les personnes peu intéressées par la psychologie seront peut-être un peu découragées de la lecture de ce livre (surtout la seconde partie) car il comporte de nombreux termes relatifs à ce domaine. Cependant je recommande fortement sa lecture à tout un chacun.

La première phase, celle du choc

Viktor Frankl commence par nous décrire la sensation de choc en arrivant au camp: se faire confisquer toutes ses affaires, et se retrouver quasiment nu. Tout ce qu’il lui reste, quelques vêtements en mauvais état et un numéro tatoué sur son corps. Son identité a disparu, il n’est plus qu’un numéro. Il passa la sélection (les personnes considérées inaptes pour le travail étaient envoyées directement en chambre à gaz).

Puis vint la surprise

Les médecins qui furent dans le groupe de Viktor furent les premiers à apprendre que les livres de médecine mentent. L’homme peut survivre avec très peu de nourriture, d’eau et de sommeil par jour! Les prisonniers ne pouvaient pas se laver les dents, et malgré le manque de vitamines, leurs gencives étaient encore en bonne santé. Il devait porter la même chemise pendant six mois (jusqu’à ce qu’elle perde l’apparence d’une chemise). Ils ne pouvaient pas se laver pendant des mois, et pourtant leurs plaies et blessures ne suppuraient pas (enfin, à moins qu’elles gèlent). Aussi, ils passèrent de longues heures à travailler sous la neige avec très peu de vêtements et des chaussures trop petites ou trop grandes ou sans chaussures du tout. Cependant ils s’enrhumèrent beaucoup moins qu’ils l’auraient pensés.

La seconde phase, l’apathie

Cette phase est une espèce de mort émotionnelle, le prisonnier peut voir énormément de misère autour de lui, mais son esprit reste focaliser sur sa propre survie. Par exemple un prisonnier à l’infirmerie observait sans réaction un jeune de 12 ans à qui l’on enlevait ses doigts de pieds morts à cause du gel (il n’y avait pas de chaussures pour lui et l’on lui avait obligé à travailler pendant des heures sous la neige pieds nus). Parfois la première réaction d’un prisonnier en voyant un camarade mourant du typhus fut de s’emparer de ses vêtements (avant même qu’il est expiré son dernier souffle).



Les rêves… Viktor Frankl nous raconte cette anecdote particulièrement choquante. Au milieu de la nuit il se rend compte qu’un camarade prisonnier est en train de faire un cauchemar. Il voulait le réveiller mais finalement décide de ne pas le faire. Il se rendit compte qu’aucun rêve, aussi horrible qu’il soit, pouvait être aussi pire que la réalité des camps qui les entouraient.

Cependant après les premiers jours passés, même les chambres à gaz perdaient de leur horreur, en fin de compte, elles leur économiser l’acte de se suicider.

La probabilité de survie dans un des camps étaient de 1 sur 28 comme les statistiques ont pu le vérifier.

Ce qui a fait survivre Viktor Frankl

Un jour, Viktor et son groupe de camarades prisonniers revenaient d’une journée de travail exténuante sous la neige, tous très peu vêtus, sous les coups et les insultes des SS. Ils marchaient tous les uns contre les autres pour se soutenir (ils avaient beaucoup de mal à tenir debout).

L’un d’entre eux murmura à Viktor avec une faible voix « Si nos femmes nous voyaient maintenant… j’espère qu’elles sont mieux dans leur camp et qu’elles ignorent ce que l’on est en train de subir… ».

Ces mots évoquèrent à Viktor le souvenir de sa femme. Pendant qu’ils continuèrent à marcher avec grande difficulté, ce groupe d’hommes ne se disaient rien, mais Viktor et son camarade le savaient: chacun était en train de penser à sa femme. Durant son séjour dans les camps de concentration, l’esprit de Viktor se réfugiait dans l’image de sa femme. Il pouvait la visualiser avec une étrange précision. Il l’entendait parler et la voyait sourire.

Pour la première fois de sa vie, il se rendit compte que l’amour était le but ultime et le plus haut auquel l’homme puisse aspirer. L’image de l’être aimé donnait un sens aux souffrances de Viktor.

Je vous laisse un moment avec les propres mots de Viktor Frankl :

« Que ma femme soit ou non présente ou même qu’elle continue de vivre arrêta pour un moment et d’une certaine manière d’être important. Si j’avais su à ce moment que ma femme était morte, je crois que j’aurais continué à me livrer à elle. Insensible à ce fait, à la contemplation de son image, ma conversation mentale avec elle aurait été également réelle et gratifiante ».


L’étrange observation de Viktor Frankl

Après quelque temps dans les camps de concentration, Viktor se rendit compte d’une chose: les personnes qui survivaient n’étaient pas celles qui possédaient les corps et les constitutions les plus robustes.

Les camps de concentrations nazis furent témoins que les plus aptes pour la survie étaient ceux qui savaient qu’une tâche à réaliser les attendait (un être aimé qui les attendait, un enfant à voir grandir, un talent à exploiter, une œuvre à accomplir…).

Il n’y a rien au monde capable de nous aider, même dans les pires conditions, que le fait de savoir que la vie a du sens.

L’observation psychologique des prisonniers a montré que seuls les hommes qui permettaient que leur intérieur moral et spirituel faiblissent, tombaient victimes des influences dégénérantes du camp.

Ceux qui connaissent la relation étroite entre le moral d’une personne, ses valeurs et ses espérances ou le manque de celles-ci et la capacité du corps à se conserver immune, savent aussi pertinemment que s’ils perdent l’espérance et le courage, cela peut occasionner la mort.

80 % de la population interrogée reconnaissait que l’homme a besoin de « quelque chose » pour vivre.

La souffrance arrête d’être d’une certaine manière une souffrance au moment où l’on trouve un sens dans celle-ci. Viktor nous explique même que la souffrance s’était convertie en une tâche à réaliser et on ne voulait pas lui tourner le dos.

En fait la souffrance est un aspect de la vie qui ne peut être éradiquée. Comme personne ne peut s’éloigner du destin ou de la mort. Sans tout cela, la vie n’est pas complète.

La faim, l’humiliation, et la sourde colère devant l’injustice deviennent tolérables à travers l’image de personnes aimées, de la religion, d’un sens de l’humour tenace et de la vision de la beauté stimulante de la nature: un arbre, un coucher de soleil…



De ce fait, au fur et à mesure que la vie des prisonniers devenait plus intense, la beauté de l’art et de la nature se faisait de plus en plus grande.

L’intensification de la vie intérieure aidait le prisonnier à se réfugier contre le vide, la désolation et la pauvreté spirituelle de son existence. En fait, c’était cette liberté spirituelle, qu’on ne pouvait pas enlever aux prisonniers qui firent que la vie avait du sens.

Viktor Frankl nous affirme : on peut tout voler à l’homme sauf une chose, la dernière des libertés humaines, le choix de l’attitude personnelle devant un ensemble de circonstances, pour choisir son propre chemin. Ainsi la conscience de l’amour-propre est tellement profondément enracinée dans les choses les plus élevées et spirituelles qu’elles ne peuvent pas s’effacer, même dans un camp de concentration.

Quand Viktor se rendit compte que la vie avait du sens, il n’avait aucun besoin d’avoir honte de ses larmes, elles témoignaient que l’homme était courageux et qu’il avait le courage de souffrir.

Les conseils de Viktor Frankl aux autres prisonniers:

En tant que psychologue, Viktor Frankl assurait à ses camarades prisonniers que dans les moments difficiles, quelqu’un les observait. Un ami, une épouse, quelqu’un qui soit vivant ou mort, un dieu, quelqu’un qu’ils ne voulaient pas décevoir. Ainsi ils préféraient plutôt souffrir avec fierté et mourir dignement.

La logothérapie

Logos est un mot grec qui équivaut à sens. La recherche de la part de l’homme du sens de la vie constitue une force primaire et pas une « rationalisation secondaire » de ses impulsions instinctives. Ce sens est unique et spécifique et chacun doit le rencontrer. Ce n’est que de cette manière que l’homme atteint une signification qui satisfasse sa propre volonté de sens.

Pour cela, Viktor Frankl ne considère pas que l’on invente le sens de notre existence, mais que l’on le découvre.

Ce que l’homme a réellement besoin. Ce n’est pas de vivre sans tensions, sinon de se forcer et de lutter pour un but qui en vaille la peine. Ce qu’il faut, ce n’est pas d’éliminer la tension coûte que coûte sinon de sentir l’appel d’un sens potentiel que l’on espère obtenir.

L’unicité d’une personne

Quand on accepte l’impossibilité de pouvoir remplacer une personne, il surgit dans toute sa magnitude la responsabilité que l’homme assume devant son existence.

Chaque situation se différencie par son unicité et à tout moment il n’y a pas qu’une seule réponse correcte à un problème que crée la situation.

Quand un homme découvre que son destin est de souffrir, il doit accepter même en souffrant, qu’il est unique et seul dans l’univers. Personne ne peut l’enlever de ses souffrances ni souffrir à sa place. Sa seule chance réside dans l’attitude qu’il adopte en supportant sa charge.



Quelques autres pensées de Viktor Frankl pour conclure

Selon Viktor Frankl, il y a 2 sortes de personnes au monde et rien que 2: « la race » des hommes décents et celle des indécents. Les 2 se retrouvent dans toutes les couches du monde.

Je vous laisse avec les propres mots de Viktor Frankle qui clôturent le livre :

« Après tout, l’homme est cet être, qui a inventé les chambres à gaz d’Auschwitz, mais c’est aussi l’être qui est entré dans ces chambres la tête haute en récitant le Notre Père  ou le Shema Yisrael ».

Concept principal du livre:

La souffrance fait partie de la vie, il est impossible et même inutile d’essayer d’y échapper. Si vous avez trouvé un sens à votre vie (il est unique à chacun de nous) vous trouverez le sens dans la souffrance. Le choix de votre réaction face aux éventements est une liberté qui ne vous sera jamais prise.

Ce que le livre apporte:

  • des pistes pour trouver un sens à sa vie
  • une nouvelle vision de la souffrance
  • des connaissances de la vie dans un camp de concentration
  • réflexion sur sa propre vie
  • connaissance de ce que l’être humain est capable

Sentiments à la lecture:

  • horreur (dans le récit de la vie des camps)
  • compassion (de la souffrance des prisonniers)
  • surprise
  • réflexion
  • beaucoup d’espoir

À qui ce livre s’adresse-t-il:

Ce livre s’adresse aux personnes qui trouvent que leur vie manque de sens, et qui ont du mal à gérer la souffrance et la frustration. Il s’adresse aussi aux personnes qui s’intéressent à l’histoire de la vie dans un camp de concentration et surtout à la psychologie. Après tout, ce livre est une introduction à la logothérapie.

Valorisation:



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